Pour les doubles ikat, ou grinsing, les fils de la chaîne et de la trame sont teintées avant d’être tissées. La fixation des paquets de fils sur les axes de la trame et de la chaîne exige une grand précision.

On ne les fabrique que dans le village de Tengganan Pageringsing dans les montagnes du sud-est de l’île de Bali.


Pour ce travail, on installe tous les fils de la trame côte à côte sur un cadre de la dimension de la pièce à exécuter.

 

La légende veut que traditionnellement, le sang humain soit utilisé pour teindre.
Gring se traduit par « Maladie », Sing par « Non ». Il devient ce qui repousse la maladie.

Les motifs des gringsings sont divisés en deux groupes :

 

 

 


Les fils sont répartis en paquets de six, de huit ou même de dix, selon le motif que l’on envisage d’exécuter


Les fils sont mis « en réserve ». On se sert des fibres des feuilles de palme gebando (ou autres matières similaires) imperméables à la teinture, pour attacher ensemble les paquets de fils, qui sont ensuite teints.

 

D'abord des motifs composés de cercles ou de carrés, de formes végétales dont les extrémités sont souvent ornées du motif tupal (forme d'origine architecturale liée au boudhisme et utilisé comme reliquaire). Ils laissent entrevoir l’influence des textiles indiens patola (région du Guarjat, Inde).

 

 

 


Les opérations d'attaches et de trempages dans les teintes sont répétées autant de fois qu'il y a de couleurs différentes.


Les fils sont défaits de leurs liens.

 

Ces motifs peuvent être de quatre couleurs : rouge foncé, marron foncé, noir sur fond ocre-beige et blanc. Un examen attentif dévoile le sens véritable de la composition dans laquelle on découvre avec surprise des figures intégrées de façon complexe : scorpions, poissons, tabernacles et offrandes.

 

 



Les fils apparaisent teintés.

Une fois les paquets de fils défaits, on les monte sur le métier à tisser.

 

 

La surface entière du tissu est couverte d’étoiles minuscules qui relient l’ensemble dans un symbolisme syncrétique très sophistiqué.


Le tissage est réalisé.

Après un travail long et fastidieux, la pièce est prête pour son rôle dans la société balinaise .

 

Tissus mystérieux et magique, à l’heure actuelle 2 ou 3 artistes femmes maîtrisent encore cet art.

Il a un rôle primordial dans la vie profane et spirituelle : naissance, limage des dents, maladie, protection, mariage, crémation...

 

 

 

Dans le second groupe, sont intègrés des motifs extrêmement compliqués qui supposent une très grande habilité dans la mise en oeuvre des techniques de réserve, de teinture ainsi que dans le tissage.

Leur sens symbolique est d’ordre cosmologique ; ils décrivent des groupes de personnages, assis, de profil, à l’intérieur d’un mandala (carte d'anatomie spirituelle de l'homme expliquant comment pénétrer à l'intérieur de ses centres d'énergie chakra).

 

 

 

Ils se composent de 12, 24, 36, personnages à l’intérieur d’une série de médaillons, reliés par une étoile à quatre pointes, dont le centre est un carré qui forme le mandala.

Les panneaux des extrémités du gringsing "wayang kebo" sont en sonket, technique supplémentaire en fils d’or.